C’est une expulsion manu militari: la journaliste française Sonia Rolley, ancienne correspondante de Radio France Internationale (RFI) en RDC, œuvrant présentement pour l’Agence Reuters, a été expulsée de la RDC, le mardi 8 novembre 2022. Elle n’a même pas eu le temps de récupérer ses affaires.
Reporters Sans frontières (RSF) et son partenaire congolais Journalistes en Danger (JED) ont dénoncé l’expulsion de la République Démocratique du Congo, d’une correspondante de la presse étrangère. Les deux organisations demandent aux autorités d’en donner les raisons officielles et de cesser avec le durcissement des conditions d'obtention des accréditations pour les journalistes étrangers.
«L’expulsion expéditive d’une journaliste habituée à couvrir le pays, est le dernier exemple d’une série d’atteintes à la liberté de la presse et à l’indépendance du journalisme, alors que la RDC s’achemine vers des élections importantes. Nous demandons aux autorités de justifier clairement le motif de cette expulsion et de cesser de durcir les conditions d’accréditation des journalistes étrangers.», a déclaré Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne de RSF.
Sonia Rolley a longtemps travaillé pour RFI. Elle a participé à plusieurs enquêtes de référence sur la RDC, dont Congo Hold Up. Entrée en RDC avec un visa de courtoisie pour couvrir une conférence sur le climat, elle avait obtenu la promesse et des confirmations écrites de son accréditation comme responsable du bureau de Reuters.
Le visa grâce auquel elle a pu renter en RDC, a expiré, selon la Direction Générale des Migrations (DGM). Aussi, a-t-elle été immédiatement conduite à l’aéroport de Ndjili (Kinshasa) et embarquée sur un vol à destination de Paris. Son passeport lui a été remis à destination.
Sonia Rolley s’était déjà acquittée du paiement de la somme de 2.000 dollars américains comme frais d’accréditation d’une année.
Or en RDC, la majorité des journalistes étrangers et locaux travaillant pour des médias étrangers, obtiennent une accréditation de six mois dont le coût est de 1.000 dollars américains.
Du côté du ministère de la Communication et Médias l'on évoque que Sonia Rolley s'est trouvée dans une situation irrégulière.
«Il ressort de son dossier qu'elle s'est retrouvée en conflit avec les textes légaux et règlementaires régissant la police des étrangères; et donc, dans une situation de séjour irrégulier en RDC.», indique un communiqué du ministère de la Communication et Médias rendu public le mercredi 9 novembre 2022.
Le même communiqué souligne que la demande d'accréditation formulée par Reuters effectuée antérieurement par les différents services compétents n'a pas été concluante.
L’expulsion de Sonia Rolley, intervient dans un contexte de multiplication de menaces et de pressions sur les correspondants de la presse internationale.
«L’expulsion de Sonia Rolley, est un signal inquiétant dans un contexte sécuritaire et électoral qui s'annonce électrique. Depuis la reprise des hostilités à l'Est entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, les autorités ne cachent pas leur volonté de museler la presse libre et indépendante, accusée de jouer le jeu de l' ennemi.», a souligné le secrétaire général de JED Tshivis Tshivuadi.
La RDC occupe la 125ème place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.