La Russie a affirmé mettre fin à certaines manœuvres militaires aux frontières de l’Ukraine. Après une visite à Kiev, lundi, le chancelier allemand, Olaf Scholz, est attendu à Moscou mardi.
Le Monde avec AFP
Le président russe, Vladimir Poutine, écoutant les explications de Sergueï Choïgou , le ministre de la défense russe, lundi 14 février, à Moscou. ALEXEI NIKOLSKY / AP
Ukrainiens, Russes et Occidentaux ont continué de marcher sur une ligne de crête, lundi 14 février, tandis que les plaidoyers pour une solution diplomatique à la crise ukrainienne se multiplient. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, qui a rencontré lundi à Kiev le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté la Russie à saisir les « offres de dialogue ». Une proposition qu’il renouvellera de vive voix mardi à Moscou lors d’un entretien avec Valdimir PoutineLe chancelier allemand, Olaf Scholz, en discussion avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 14 février 2022. PRESIDENCE UKRAINIENNE / AFP
Dans une adresse à la nation, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a décrété, lundi, une journée de l’unité pour mercredi, cité par des médias comme date potentielle d’une attaque russe. « On nous dit que le 16 février sera le jour de l’attaque. Nous allons en faire une journée de l’unité », a déclaré le chef de l’Etat, appelant les Ukrainiens à accrocher le drapeau national et à afficher ses couleurs bleues et jaunes, ce jour-là.
M. Zelensky a aussi accusé la Russie de « mener la guerre » contre l’Ukraine « sur tous les fronts » et de « chercher à semer la panique parmi les Ukrainiens et les investisseurs ». « Notre Etat est plus fort que jamais » et « nous préparons des ripostes dignes à toutes les agressions possibles », a assuré le chef de l’Etat. M. Zelensky a également assuré que son pays « aspire à la paix et ne veut résoudre toutes les questions que par la voie diplomatique ».
Moscou veut « prolonger le dialogue »
De son côté, la Russie a assuré qu’un règlement diplomatique de la crise russo-occidentale autour de l’Ukraine restait possible et a mis fin à certaines manœuvres militaires, au moment où la crainte d’une invasion atteignait son pic.
S’éloignant des déclarations belliqueuses de ces derniers jours, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé, lundi, qu’il y avait « toujours une chance » de trouver un compromis. « Nos possibilités sont loin d’être épuisées », a affirmé M. Lavrov, lors d’une réunion avec M. Poutine, retransmise à la télévision, proposant même de « prolonger et d’élargir » le dialogue. Le président russe, dont les intentions restent, pour l’instant, indéchiffrables pour les capitales occidentales, s’est contenté d’une réponse laconique.
Selon l’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, son pays « n’envahira pas l’Ukraine sauf si on nous provoque ». « Si les Ukrainiens lancent une attaque contre la Russie, vous ne devriez pas être surpris si nous contre-attaquons. Ou s’ils commencent à tuer de manière éhontée des citoyens russes de n’importe où – au Donbass ou ailleurs », a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien britannique The Guardian.
Comme pour donner l’impression d’un d’apaisement, le ministre de la défense russe a également annoncé, lundi, la fin de certaines manœuvres militaires, alors que les exercices aux frontières russo-ukrainiennes et en Biélorussie nourrissent les craintes d’une escalade. « Des exercices ont lieu, une partie est terminée, une autre partie est en train de se terminer. D’autres se font encore étant donné [leur] taille », a affirmé Sergueï Choïgou à M. Poutine.
La Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014 et soutient des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, a constamment nié toute velléité belliciste. Elle se dit, à l’inverse, menacée par l’expansion des moyens de l’OTAN en Europe de l’Est et réclame des « garanties de sécurité », notamment l’assurance que l’Ukraine n’adhérera jamais à l’OTAN.
Accélération du déploiement des forces russes selon Washington
Des membres de la Garde nationale ukrainienne à bord d’un bus traversant la ville de Kiev, lundi 14 février 2022. EMILIO MORENATTI / AP
Au risque d’irriter le Kremlin, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réitéré que Kiev voulait rejoindre l’OTAN afin de « garantir sa sécurité ». En outre, l’Ukraine a officiellement demandé à Moscou de s’expliquer sur le déploiement de nombreux soldats à ses frontières, conformément aux engagements que la Russie a pris dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, dont une réunion est prévue pour mardi.
Signe que la situation reste explosive, le Pentagone a affirmé que Moscou avait renforcé pendant le week-end son dispositif militaire aux frontières de l’Ukraine, où plus de 100 000 soldats sont massés depuis des semaines. « Il reste une opportunité cruciale pour la diplomatie » dans la crise actuelle estiment, néanmoins, le premier ministre britannique, Boris Johnson, et le président américain, Joe Biden, qui se sont entretenus lundi par téléphone, a déclaré un porte-parole de Boris Johnson à l’issue de cet appel. Les dirigeants ont répété qu’une incursion en Ukraine « entraînerait une crise prolongée pour la Russie, avec des dommages considérables à la fois pour la Russie et le monde ».
Les Etats-Unis, quant à eux, martèlent depuis des jours que l’armée russe pourrait envahir l’Ukraine « à tout moment » et nombre de pays ont appelé leurs ressortissants à quitter au plus vite son sol. A cet égard, M. Zelensky a qualifié de « grosse erreur » la décision de certains pays, dont les Etats-Unis, de déménager leurs ambassades hors de Kiev. Les Etats-Unis ont, en effet, décidé de déplacer leur ambassade en Ukraine à Lviv, dans l’ouest du pays, face à « l’accélération spectaculaire » du déploiement de forces russes à la frontière, a annoncé Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, dans un communiqué, assurant vouloir garantir la « sécurité des Américains ».
L’Union européenne déterminée
De son côté, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a fait part de son inquiétude. « Y a-t-il tous les éléments pour que soit menée une offensive forte de la part des forces russes en Ukraine ? Oui, c’est vrai, c’est possible, là, c’est possible rapidement », a-t-il déclaré, tout en soulignant que « rien n’indique aujourd’hui » que le président Poutine ait pris une décision.
Source: Le Monde