Le ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévention a alerté le 8 août 2022 les professionnels de santé sur l’introduction du Coartem contrefait dans le secteur privé. Les contrefacteurs ont utilisé un ancien emballage pour faire entrer en RDC ce médicament, venu dans un lot de dons des médicaments destinés aux pays de l’Afrique subsaharienne.
Une dame dans la commune de Kalamu se sent toujours malade une semaine après avoir terminé sa cure de médicaments contre la malaria. Elle en achète d’autres sur recommandation de son médecin. Dans la pharmacie où elle les achète, elle entame une petite discussion avec la pharmacienne. Elle lui explique ce qui lui est arrivé: “ Il y a deux semaines je suis tombée malade. J'ai été consultée et j’ai passé quelques examens. J’avais la malaria. Mon médecin m’a prescrit des produits dont un antipaludéen. C’était… Coartésunate, Coartem… Je ne sais plus précisément lequel mais le produit avait ce nom presque. J’ai même fini toute ma cure, mais les symptômes de la malaria persistent toujours “, explique-t-elle à la pharmacienne qui cherche différents médicaments prescrits sur l’ordonnance.
La pharmacienne, une trentenaire, ne semble pas être au courant de cette alerte donnée par l’autorité sanitaire sur la circulation du faux Coartem Novartis. “ Tous mes produits sont originaux “, répond-t-elle quand une question lui est adressée sur la qualité de ses produits.
Chose certaine: selon le ministère de la Santé, sur le faux Coartem il est écrit “ Coatem Arthéméther Luméfantrine “ ce qui pousse à bien lire avant de s’en approvisionner. Il donne encore une précision de taille pour différencier le vrai du faux : “ Un ensemble d’échantillons avait une date de fabrication de septembre 2019 et une expiration de septembre 2022. D’autres échantillons indiquent une fabrication de mai 2020 et une expiration de mai 2023. Un autre ensemble d’échantillons indiquait une date de fabrication de juin 2021 et une expiration de juin 2024 “, peut-on lire sur cette correspondance du ministère de la santé publique.

La société Novartis, qui fabrique Coartem dit avoir été mise au courant de la falsification de son produit. Elle avait procédé à quelques changements sur son emballage: “ Le fabricant, Novartis, a confirmé en octobre 2021 qu’il ne fabriquait plus de versions authentiques des blisters plats verts qui ont été ciblés pour la falsification. Novartis a ensuite confirmé que la dernière version authentique de blisters Coartem a expiré en novembre 2020. Par conséquent, il ne devrait plus y avoir de versions authentiques de ce pack vert Novartis Coartem en circulation en Afrique subsaharienne “, précise le communiqué.
Le blister c’est cet emballage en forme de coque en plastique transparent et rigide contenant l'objet à vendre et soudée sur une cartonnette ou sur un film plastique. Il sert à présenter et à protéger les produits, surtout dans la grande distribution.

Selon l’autorité sanitaire congolaise, seul le Coartem Comprimé est concerné par cette alerte. Elle appelle les Congolais à ne pas utiliser ces produits et à signaler ici les endroits où ils sont vendus pour la destruction. La composition de ce Coartem est douteuse.
L’agence américaine USAID est à la base de cette découverte macabre. Fin 2021 et début 2022, cette agence avait effectué des activités d’assurance qualité de routine de dons des médicaments après leur distribution, qui a couvert de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. La RDC est un pays où l’automédication est la règle. Il y a lieu de craindre que la population consomme en masse ces produits dont la teneur des composants n’est pas connue, prudence !