L'assassinat de Chérubin Okende, ancien ministre des Transports et porte-parole d’Ensemble pour la République (Ensemble), remue le couteau dans la plaie d'une République où le respect des droits humains marche avec des béquilles. En dépit des résultats des enquêtes annoncées, les circonstances de la mort «tragique» de Chérubin Okende, taraudent les esprits et remet à la surface, celles du défenseur des droits de l'homme Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana, assassinés en juin 2010.
C'est dans un contexte politique tendu précédé par les arrestations de certains cadres de l'opposition, l'interdiction des déplacements et de l’organisation des manifestations publiques à quelques mois des élections, qu'est intervenue la mort de Chérubin Okende. Dès l'annonce de son décès, l'opposition n’a cessé d'indexer le régime Tshisekedi. Elle l’accuse de s'être payé la tête de l'un des leurs pour sa loyauté envers Moïse Katumbi.
Depuis Abidjan où il se trouvait, le candidat déclaré à la présidentielle 2023, Moïse Katumbi avait dénoncé un «assassinat politique». L'opposition tient mordicus à responsabiliser le pouvoir. Elle a sur sa table, les dernières déclarations du président de la République faites à Mbuji-Mayi promettant de «s'attaquer sans hésitation, sans remords à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays. Peu importe ce qu'on en dira: violation des droits de l'homme, privation des libertés».
Une thèse aussi bien appuyée par les mouvements citoyens dont la LUCHA et Filimbi. Il se raconte voire-même que «Chérubin Okende est Chebeya de Tshisekedi». De la même manière que dans le couloir du pouvoir, l’on susurre que l'opposition en l'occurrence, Moïse Katumbi serait derrière cet assassinat pour discréditer le régime de Tshisekedi. Plusieurs autres réactions rappellent les propos de Muzito promettant de rendre le pays «ingouvernable».
Position du gouvernement
L'assassinat de Chérubin Okende vient s'ajouter aux multiples maux, notamment les arrestations «arbitraires» collées au gouvernement congolais, accusé de non-respect des libertés fondamentales. Y égard à cela, l'Exécutif national s’empresse de laver son image de plus en plus ternie.
Lors d'un briefing presse animé lundi 17 juillet, son porte-parole a nié toute similitude entre les circonstances de l'assassinat de Floribert Chebeya et Chérubin Okende.
«Je me souviens que c'était le 02 juin 2010, si ma mémoire est bonne, j'étais au gouvernement à l'époque du Premier ministre Adolphe Muzito et cette question nous l'avons gérée avec le vice-premier ministre Lumanu à l'époque de l'intérieur. Vous ne pouvez pas faire les comparaisons si ce n'est la mort pour les deux. Floribert Chebeya était invité dans les locaux de la police pour être entendu et nous connaissons la suite parce qu'il y a eu des enquêtes qui ont établi les responsabilités», a souligné Patrick Muyaya.
Le ministre de la communication et médias n'infirme ou n'affirme «la thèse qui a été répandue. Y a des gens qui ont dit, qui ont fait des annonces, mais toutes ses choses nécessitent aujourd'hui d'être minutieusement traitées au niveau des parquets pour que l'on puisse nous apporter la lumière». Patrick Muyaya croit que «ceux qui font cette comparaison veulent tirer des dividendes politiques de ce drame qui nous touche tous. C'est aussi une forme d'indécence de vouloir très vite aller dans les conclusions, de vouloir coller des comparaisons des situations qui sont totalement différentes».
Lundi 17 juillet, le député national André-Claudel Lubaya s'étonnait que 5 jours après ce meurtre, aucune commission d'enquête n'ait été formellement constituée. Aucune mesure conservatoire sur le plan administratif, moins encore la désignation d'un médecin légiste.