Le sénateur Augustin Matata Ponyo estime qu’il existe dans la vie professionnelle des fonctions pour lesquelles la tricherie n’est ni tolérable, ni acceptable. Des fonctions qui exigent le «dépassement de soi-même. Des fonctions qui requièrent un niveau d’intégrité élevé. Telle est la fonction d’un parlementaire». Il réagit ainsi après avoir été appelé à comparaître ce mercredi 12 juillet devant la Cour Constitutionnelle.
Il pense que le président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo, et le procureur général près la Cour Constitutionnelle Jean-Paul Mukolo ont manqué gravement, aux exigences éthiques et professionnelles de leurs fonctions.
«Le président du Sénat, au lieu de protéger son collègue sénateur Matata, s’est investi à tout prix à le livrer à la justice. L’objectif étant de le condamner pour le rendre inéligible à la prochaine élection présidentielle. En mai 2021, il s’est activé pour que le réquisitoire du procureur général demandant les poursuites judiciaires contre son collègue soit accepté par le sénat, alors que la procédure menée était non conforme à la Constitution. Il s’est personnellement battu pour que la plénière du Sénat accepte le réquisitoire et le renvoie pour examen à une commission ad hoc. Il a téléguidé cette dernière pour qu’elle recommande la levée des immunités de son collègue. Lorsque le rapport de cette dernière a été présenté en plénière, il a sensibilisé les sénateurs pour qu’ils valident la proposition de la commission. Mais la majorité des sénateurs, face à l’évidence et la vérité, ont objecté. Après le refus de la plénière, le président du sénat ne s’est pas fatigué. Un dossier fictif de détournement des fonds publics sur l’indemnisation des biens zaïrianisés, a été monté dans la précipitation contre le sénateur. Pour bien opérer, le président du sénat a illégalement renvoyé les sénateurs en congé alors qu’ils étaient en session extraordinaire. L’l’objectif étant de contourner la plénière du Sénat et d’obtenir de manière cavalière la levée des immunités de son collègue par le bureau du Sénat totalement soumis à son autorité», a réagi Matata Ponyo ce mardi 11 juillet, à l’issue d’une publication dans le site de son entreprise congochallenge.cd.
Il estime que le comportement du président du Sénat et du procureur général près la Cour Constitutionnelle démontrent à suffisance, l’importance de la dimension éthique et morale dans l’exercice de hautes charges publiques.
Le bureau du Sénat avait levé le 5 juillet 2021, les immunités parlementaires du sénateur Augustin Matata Ponyo et avait autorisé le procureur général près la Cour Constitutionnelle d’engager des poursuites contre l’ancien Premier ministre. Un nouveau réquisitoire du procureur général près la Cour Constitutionnelle Jean-Paul Mukolo, aux fins d’obtenir l’autorisation de poursuites judiciaires contre Augustin Matata Ponyo, avait été déposé au bureau du président du Sénat. L’ancien Premier ministre était de nouveau poursuivi par la justice dans l’affaire de dédommagement des commerçants étrangers, victimes des mesures de zaïrianisation (nationalisation, ndlr) en 1973 et 1974. Selon la lettre du procureur déposé au Sénat, Augustin Matata Mponyo, alors Premier ministre avait ordonné le décaissement de plus de 110 millions de dollars et près de 28 millions de dollars entre 2012 et 2013, en faveur des hommes d’affaires lésés.