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Football: 2ème volet de l'enquête sur la pédocriminalité  dans le football congolais

Football: 2ème volet de l'enquête sur la pédocriminalité  dans le football congolais
Image illustrative
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Sport/
Par Raphaël Kwazi

Le journaliste et écrivain français Romain Molina a dévoilé vendredi 11 novembre 2022, le deuxième volet de son enquête sur la pédocriminalité et abus sexuels dans le football congolais.Révélation d'une quinzaine de noms, de gros clubs impliqués, des  membres de la Fédération Congolaise de  Football Association (FECOFA), des filles  touchées.

Dans un message vocal WhatsApp de plus de deux minutes, iRomain Molina présente les dessous  du football en RDC avec une tranquillité déconcertante. «Nous sommes au Congo, mon petit. Le football ne se joue pas comme tu le penses. Il y a beaucoup de joueurs actuellement qui ont accepté de signer le contrat dans des clubs comme V.club, Lupopo .... Ils ont accepté, hein ! Ils ont accepté de se faire encore….. Si toi, tu ne veux pas, c’est ton problème. Tout dépend de toi, de ta disponibilité. On est là, petit. Donc une fois que tu es d’accord avec ça, tu me fais signe. Je vais le signaler à deux ou trois personnes de l’équipe. C’est 50-50. Tu donnes le sang, on te donne ce que tu veux. Tu donnes ton cul, on te donne ce que tu veux. La balle est dans ton camp.», révèle un pan  de  Roman Molina.

La majeure partie des clubs de D1 dans le système

Si le contenu de l’audio paraît surréaliste, les propos ont été confirmés à Sport News Africa par la vingtaine de joueurs et la dizaine de coachs sévissant dans le football congolais. «Le président du MK Étanchéité Max Moke m’avait vu jouer et j’ai obtenu un essai dans son club.»,  raconte un jeune.«J’ai commencé les entraînements, tout se passait bien. Un mardi, le coach Vea (de son vrai nom Mbenza Fiston, Ndlr)  m’a dit de passer chez lui pour voir certaines choses. J’y suis allé et il a commencé à m’expliquer ce qu’il fallait faire pour signer. Je devais coucher avec lui, coucher avec eux. Il m’a même dit que le président était au courant.», a ajouté la recrue.

Un témoignage confirmé par deux autres victimes adultes du coach Vea : «Il m’a montré du lubrifiant pour qu’on fasse l’amour ».  Il disait : « J’irai voir le président après pour lui parler de toi.’»

Si les abus sexuels débutent pour la plupart d'entraîneurs et de dirigeants avec les  joueurs mineurs, ils se poursuivent bien souvent après leur majorité dans les meilleurs clubs du pays.Quand bien même que le MK Étanchéité évoluerait aujourd’hui en deuxième division, il a vu des éléments comme Chancel Mbemba ou Junior Kabananga porter son maillot en élite. Club de première division, la Jeunesse Sportive de Kinshasa (JSK), n'est pas en reste. Son secrétaire s’adonne aux mêmes pratiques. Même topo à Rangers à l’époque du coach Guy-Roger Limolo. « il voulait m’enfiler, c’était la condition pour jouer. Il me disait que je devais mettre de la pommade et que tout irait bien.», a révélé un joueur de cette équipe. A l’Étoile du Kivu et à la  Renaissance du temps du coach Miezi Tifo,  un athlète témoigne : « Il m’envoyait même des photos porno pour m’inciter à coucher avec lui». Le club lushois de St-Eloi Lupopo n'est épargné avec Bertin Maku. Il en est de même de  l’AS Vita Club de Kinshasa. « On savait que ça existait, mais on ne se rendait pas compte de l’étendu de la pratique, », s'est indigné  Hérita Ilunga, président de l’Union des Footballeurs du Congo. Les langues sont en train de se délier : « Il faut continuer pour nettoyer notre football."», a souhaité une victime.

Depuis la publication du premier vole de l'enquête de Romain Molina,  Sport News Africa a reçu une vingtaine de témoignages ; des captures d’écran des propositions sexuelles émanant des coachs ;  des messages audios des dirigeants exigeant aux athlètes «des sacrifices» et  de «donner les fesses» (pour obtenir un contrat ou du temps de jeu) ; des plaintes à la police et des témoignages vidéo. L'omerta est en train d'être rrompue : «On encourage les victimes à parler, confirme Junior Mulop de la Ligue Congolaise pour la Promotion du Bien-être de la Jeunesse ( LCPSBJ).: « Nous avions conscience des réalités, de l’ampleur du phénomène. Il faut agir.»

Après authentification,   investigation et vérification des faits, Sport News Africa peut confirmer l’étendue de la pratique à une quinzaine d’autres personnes, en plus des six coachs suspendus,  cités dans l'une de nos précédentes publications. «Je parle avec émotion. Je dois refouler beaucoup de choses, ce n’est pas facile.», raconte avec des trémolos dans la voix un ancien joueur. Il y a quinze ans de cela, lorsqu’il avait 13 ans, son entraîneur de Bleu-Ciel, l’avait agressé sexuellement dans la commune de Barumbu, à Kinshasa après l’avoir drogué. «Ça m’a détruit. Mais je veux parler aujourd’hui pour que mes jeunes frères ne subissent pas ce que nous avons connu.», a affirmé une autre victime sous l’anonymat. Le coach Izé, visait des jeunes parfois âgés de 7 à 8 ans. Arrêté et détenu à Makala, la prison centrale de Kinshasa, il en est ressorti pour revenir immédiatement dans le circuit footballistique.  Idem pour Enock Mangala, président et coach du FC Mangala dont le dossier avait été transmis aux autorités. Quant au président du Cercle Sportif Bandal, il a été (enfin) appréhendé  il y a deux mois, suite à la plainte des parents d'une  victime. « Il faut sévir avec les coupables et ne plus laisser passer cela..», tonne Barthélémy Okito Oleka, ancien secrétaire général au ministère des Sports.

Ci-dessous la liste des coachs et dirigeants mouillés  par  ces pratiques  décriées

- Enock Mangala, président et coach du FC Mangala

- Blaise Ntumba Balay, président et coach de l’AS Balayi

- Coach Magoda de Fly et d’une autre équipe, Salvator (dans la commune de Lemba, à Kinshasa, dans le quartier Livulu)

- Coach Fueto, entraîneur à Lokola Mutu.

- Coach Bibey, ancien entraîneur de Bel’or qui avait la particularité de mettre du rouge à lèvres au moment de passer à l’acte.

- Coach Izé, ancien entraîneur de Bleu-Ciel dans la commune de Barumbu

- Coach Sokola, entraîneur impliqué depuis le début des années 2000 dans la commune de Barumbu.

- Coach Lama, entraîneur de Jama Sport.

- Coach Miple, entraîneur du FC Makila dans la province de Bandundu.

- Coach Grady Matondo, entraîneur adjoint à l’OC Jupiter.

- Coach Tibet, dans la commune de Kintambo (Kinshasa).

- Coach Makoso, dans la commune de Kintambo (Kinshasa).


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