Le Prix Nobel de la Paix 2018, le docteur Denis Mukwege trouve « normal de penser à une stratégie de retrait » des casques bleus de la MONUSCO 25 ans plus tard mais s'insurge contre ce retrait « précipité dans un contexte de guerre d'agression ». Dans sa lettre adressée mardi 5 mars aux Nations Unies, le gynécologue congolais dit craindre que la militarisation de la région du Kivu laisse un vide sécuritaire extrêmement dangereux pour l'existence du pays.

« Mettant ainsi en péril l'héritage de 25 ans de présence du département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en République Démocratique du Congo », a-t-il alerté. 

Denis Mukwege pense qu'il est encore temps pour les Nations Unies et les autorités congolaises de suspendre puis revoir le calendrier du plan de désengagement des soldats de la paix pour ainsi maintenir une marge de flexibilité en fonction de l'évolution de la situation sécuritaire sur terrain. 

« Ainsi, nous appelons à la reconfiguration du mandat et de la présence de la MONUSCO en RDC pour réunir les conditions propices à un retrait responsable et durable, une fois que l'Etat congolais sera doté d'institutions opérationnelles, professionnelles et redevables notamment dans les domaines de la sécurité et de la justice », préconise le candidat malheureux à la présidentielle du 20 décembre 2023. 

Alors que la mission onusienne a amorcé fin février son retrait en cédant ses bases aux services de sécurité congolais, Denis Mukwege estime par contre que les casques bleus et la brigade d'intervention ne peuvent partir tant que l'armée et la police ne seront pas en mesure d'assurer la protection des civils et la souveraineté du pays.

Par ailleurs, le Prix Nobel 2018 a déploré les condamnations de façade et des paroles creuses de la communauté internationale contre le Rwanda. Il exige des sanctions contre les auteurs de déstabilisation de la RDC et des mesures décisives pour que Kigali cesse de soutenir le M23.