Depuis la réapparition en juin 2022 des terroristes du M23 dans la province du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo, son président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne cesse de mobiliser le monde pour dénoncer le soutien que le Rwanda apporte à ce mouvement terroriste qui occupe plusieurs localités dans l'Est congolais.
En dépit de la levée par les Nations-Unies de la mesure de notification préalable pour achat des armes de guerre, la République Démocratique du Congo peine à acquérir des matériels militaires adéquats pour déloger le M23 hors de son territoire, mais se fie surtout aux accords de paix conclus notamment à Luanda et à Nairobi. Si ces rebelles disposent d'armements de guerre sophistiqués, d'après les dires du secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres, les forces armées de la RDC devraient faire autant, si pas plus, pour faire face à cette rébellion.
Alors que le voyage de 4 jours du chef de l'État congolais dans l'empire du milieu, avait suscité un nouvel espoir dans l'acquisition des matériels militaires chinois. La réalité semble être loin des attentes des Congolais par rapport à ce déplacement. A la question de savoir qu'est-ce que la RDC attend concrètement de la Chine pour pacifier l'Est du pays, le président de la République a laissé entendre que : «La République populaire de Chine est membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, donc parmi les 5 pays qui sont membres permanents et elle dispose d'un droit de veto, ça veut dire que c'est un pays dont la voix compte énormément et aujourd'hui la Chine a en plus acquis une influence à travers le monde, donc elle peut être un partenaire important pour la recherche de la paix que nous souhaitons. Évidemment ! Nous lui demandons pas de prendre position, fait et cause. Nous sommes ici dans un contexte international, ça se fait pas mais elle a exprimé clairement sa volonté de voir la République Démocratique du Congo pacifiée et restée dans son intégrité, donc c'est clair, y a pas meilleur appui à la paix en République Démocratique du Congo que celui-là.», a-t-il répondu lors d'un point de presse accordé le weekend à la presse locale.
Certaines indiscrétions évoquent des raisons d'ordre stratégiques afin de contourner le regard des partenaires traditionnels de la République Démocratique du Congo, notamment les États-Unis, ce qui explique la présence de Jean-Pierre Bemba vice-premier ministre en charge de la Défense et des Anciens Combattants dans la suite du chef de l'État en Chine.
Revisitation du contrat chinois: la RDC veut partir sur de nouvelles bases mais la Chine garde ces intérêts
L'autre enjeu de la visite de Félix Tshisekedi en Chine était celui de renégocier les contrats chinois signés en 2008 sous Joseph Kabila. Ce partenariat “ressources contre infrastructures”, n'a pas été bénéfique pour la RDC, moins encore pour l'Etat chinois, 15 ans après.
«En fait, depuis mon accession à la tête du pays, je me suis rendu compte que ce partenariat n'était ni profitable à la République Démocratique du Congo, ni profitable à la Chine. C'est vrai qu'il y a le rapport de l'IGF qui dit qu'il y a eu beaucoup plus de gain par rapport aux entreprises chinoises que par rapport à la République Démocratique du Congo, mais vous avez bien entendu que pas à la Chine donc à l'État chinois je me disais qu'il y a quelque chose qui ne sonne pas bien parce que d'un côté, il y a les entreprises privées, de l'autre il y a l'Etat congolais. Les privés se font des moyens qui ne retombent peut-être pas sur la Chine et de l'autre côté, la RDC n'a rien...», a affirmé Félix Tshisekedi.
Pour changer l'image de la Chine en RDC dit le chef de l'état, plusieurs accords redéfinissant le contrat chinois, ont été signés.
«Il faudrait transformé ces mémorandums d'attente en engagement. Il ne faut pas négliger les mémorandums d'attente, ce sont des prédispositions à s'engager et on s'engage fermement et la Chine s'est déjà engagée en République Démocratique du Congo comme je l'ai souligné tout à l'heure, ce n'était pas dans un contexte profitable pour nos deux pays. Nous faisons que rectifier les tirs, et la Chine garde son intérêt, d'ailleurs il est même croissant pour la République Démocratique du Congo... On a simplement redéfini ce partenariat pour que ça soit quelque chose de rayonnant surtout pour l'Afrique.», a-t-il déclaré.
Chris Kaluseviko