Le prix Nobel de la paix, le gynécologue congolais Denis Mukwege s'insurge contre les massacres récurrents perpétrés contre la population civile dans les provinces sous Etat de siège à l'Est de la République Démocratique du Congo. Selon lui, la stratégie militaire soutenue par le gouvernement congolais depuis un an est incapable de protéger les civils et de prévenir la répétition des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
" La détérioration de la situation sécuritaire et ses conséquences humanitaires dramatiques dans les Provinces en conflit sous le régime de l’Etat de siège sont extrêmement préoccupantes et ne peuvent plus durer. Les derniers massacres de masse ayant fauché la vie de plusieurs dizaines de personnes respectivement à Mongwalu le dimanche 8 mai et au camp de déplacés de Lodda près de Fataki ce lundi 9 mai 2022 dans le territoire de Djugu en Ituri sont insoutenables. Ils démontrent une fois de plus que la stratégie militaire soutenue par le gouvernement congolais depuis un an est incapable de protéger les civils et de prévenir la répétition des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ", peut-on lire dans sa déclaration publiée mercredi 11 mai 2022.
Le prix Nobel de la paix 2018 propose aux autorités congolaises de revoir en urgence la gouvernance sécuritaire et la diplomatie régionale.
" L’augmentation des violations des droits humains, le nombre croissant de victimes parmi la population civile, l’extension des zones d’instabilité et la recrudescence du dynamisme de certains groupes armés tels que le M23 depuis l’entrée en vigueur de l’Etat de siège censé renforcer la protection des civils, neutraliser les groupes armés et pacifier les provinces meurtries doivent impérativement amener les autorités congolaises à revoir en urgence la gouvernance sécuritaire et la diplomatie régionale ", a-t-il ajouté dans sa déclaration.
Par ailleurs, il salue l'intention du Président Félix Tshisekedi d'établir un plan de sortie de l'Etat de siège.
" C’est dans ce contexte que nous saluons l’intention du Président Félix Tshisekedi d’établir un plan de sortie de l’Etat de siège. En effet, cette mesure exceptionnelle qui restreint les droits et les libertés fondamentales, déjà prorogée à maintes reprises par le Parlement, n’a pas vocation à durer dans le temps et à être encore prolongée alors que l’insécurité est grandissante dans les deux provinces concernées et que son impact sur la protection des civils est négatif. Cet échec doit être acté sans plus tarder ", poursuit-t-il.
Récemment, une nouvelle attaque des miliciens de la CODECO a fait quinze morts dont une dizaine d’enfants déplacés et soldat des FARDC la nuit de lundi 9 mai vers 21 heures au site de Lodda, à 5 kilomètres du centre commercial de Fataki, dans le territoire de Djugu en Ituri.
Raphaël Kwazi
