Dans le cadre du suivi citoyen de l’exécution de la loi des finances 2022, les chercheurs de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) ont comme d’habitude, examiné les états de suivi budgétaire sur le site du ministère du Budget. Cette fois-ci, ils se sont intéressés à la situation à mi-parcours de l’exécution du budget 2022 plus particulièrement, au payement de la dette.
Sur des prévisions de 97,6 milliards de francs congolais, soit 48,8 millions de dollars, les payements ont déjà atteint 197,6 milliards de francs congolais, soit 98,8 millions de dollars américains.
«Nous venons de terminer le premier semestre, si les autres payements liés à la dette publique sont plus au moins normaux, ceux liés à la dette commerciale intérieure, ont attiré notre particulière attention.», a indiqué un communiqué de presse de l’ODEP publié le 17 juillet 2022.
Dans son dernier rapport de janvier 2022 parmi les constats majeurs sur la gestion des finances publiques en 2021, l’ODEP avait relevé entre autres, les dépassements budgétaires. Selon cette structure, cette pratique relevait en premier lieu, de l’indiscipline budgétaire condamnée par l’article 38 de la Loi relative aux finances publiques (LOFIP).
Le même rapport de l’ODEP affirmait que le dépassement budgétaire est un indice probable de vol des fonds publics et de corruption. Et dans le cas de figure relevé ici, il y a beaucoup à parier que la corruption et les détournements ne sont pas loin. Elle estime que si ces payements de la dette commerciale intérieure continuent de cette façon, les dépassements atteindront sans peine 100 ou 200 millions de dollars au détriment par exemple de la dette sociale liée aux salaires et primes des agents de l’Etat.
Cette organisation de contrôle financier recommande au président de la République Félix Tshisekedi d'interpeller d’urgence le Premier ministre, le ministre des Finances et le ministre du Budget en conseil de ministre sur ce dossier afin d’éclairer la population congolaise et la communauté internationale. Elle ordonne un audit conjoint Cour des Comptes, Inspection Générale des Finances et un cabinet international sur l’ensemble des opérations effectuées sur la chaîne de la dépense depuis janvier 2019, plus particulière sur le dossier du payement de la dette commerciale.
L’ODEP demande également la réhabilitation de la fonction de contrôle tout en donnant des moyens à la Cour des Comptes, à l’inspection Générale des Finances et à la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics, pour lutter contre la corruption et améliorer la gouvernance des finances publiques.
L'ODEP invite la population de tirer les conséquences de la non prise en compte de manière effective des besoins sociaux dans l’exécution des budgets de l’Etat et d’exiger des comptes aux dirigeants actuels avant tout renouvèlement des mandats.
Betty Kwamy